Comment une élite financière s’arroge le pouvoir absolu par la captation universelle des ressources

Ce livre est à lui seul un continent! Il est le fruit d’une enquête aussi vaste et aussi capitale que son sujet même: l’émergence d’un nouveau monde, d’une forme de société inédite depuis les commencements de l’humanité
Vous croyez vivre dans des Etats de droit, délimités par des frontières, protégeant les libertés de leurs citoyens? Vous n’en serez plus très sûr après avoir refermé cet ouvrage.
Dans sa précédente enquête, Dépossession, Liliane Held-Khawam avait documenté le détournement massif des moyens financiers de l’humanité au profit d’un petit nombre de sociétés. Avec Coup d’Etat planétaire, elle va encore plus loin, décrivant les trois phases de l’instauration d’une véritable tyrannie globale à laquelle les valeurs et les lois démocratiques ne servent que de prétexte et d’alibi.
«Par le triptyque de son analyse de la formidable mutation dont nous sommes désormais à la fois les témoins et les acteurs contraints, Liliane Held-Khawam entreprend une œuvre fondamentale de lanceur d’alerte, une véritable œuvre de salut public !» (De la préface de Philippe Bourcier de Carbon)
LH-K pose une grave question : un État peut-il encore être souverain?
Vu de la droite lucide, la réponse est « non ». Ainsi, pour Marie-France Garaud, l’élection présidentielle n’a strictement aucune importance car la souveraineté repose sur quatre pouvoirs dont les États et les politiques se sont progressivement défaits : battre monnaie, décider de la paix et de la guerre, faire les lois, rendre la justice.
L’économie est désormais organisée en monopoles.
C’est le cas, par exemple et malheureusement, de l’industrie pharmaceutique qui voit l’appât du gain passer bien avant la santé des patients. Des médicaments cessent d’être fabriqués, d’autres ne sont pas vendus car leurs prix ne sont pas assez élevés selon les trusts.
Ce sont ces mêmes trusts, ou leurs lobbys, qui tiennent la plume lorsqu’il s’agit de rédiger des lois créant des niches fiscales.
Ces mêmes trusts qui ne reconnaissent pas les tribunaux nationaux ou qui les défient lorsque c’est nécessaire comme quand la multinationale Lone Pine a demandé au gouvernement canadien de lui accorder 250 millions de dollars de « réparations » pour le manque à gagner à cause du moratoire sur l’extraction du gaz de schiste dans la vallée du Saint-Laurent.
On a vu des entreprises étrangères engager des poursuites contre l’augmentation du salaire minimum en Égypte ou contre la limitation des émissions toxiques au Pérou. Plus de 450 procédures de ce type sont actuellement en cours dans le monde. Tous les Codes du travail font l’objet d’attaques frontales.
Nous sommes passés, explique Liliane Held-Khawam, au stade de la mondialisation par la transformation des citoyens en consommateurs.
En Europe, même pas besoin de l’idéologie thatchérienne pour cela puisque la consommation figure dans les textes officiels de l’UR : « Avec 502 millions de consommateurs depuis l’élargissement de 2007, il s’agit du plus grand marché au monde. »
La chute du Mur de Berlin a coïncidé avec la fin des trente glorieuses et a permis le passage de l’internationalisation à la mondialisation, que l’UNESCO définit comme « le processus d’intégration des marchés qui résulte de la libéralisation des échanges, de l’expansion de la concurrence et des retombées des technologies de l’information et de la communication à l’échelle planétaire. »
Que pour l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture la culture et la concurrence soient en parfaite symbiose, cela est tout un programme, mieux une idéologie.
Afin d’être partie prenante de la globalisation, les grandes entreprises vont devenir transnationales, « en se construisant indépendamment des frontières ».
Elles vont se dénationaliser, « gommer ce qui les relient à leur pays d’origine ». La filiale “ française ” d’un géant étasunien installera son siège social à La Haye et payera (en fait, ne payera guère) ses impôts au Luxembourg. Toute tentative de résistance de la part des travailleurs ou des pouvoirs publics français débouchera sur une prompte délocalisation en Pologne ou au Viet Nam. Dans le cas d’un super géant comme Amazon, l’entreprise se permettra de collecter 10 fois plus de données que l’Administration, et de les revendre.
Les maîtres de ces entreprises vont s’emparer petit à petit de la gouvernance des États en devenant les partenaires privilégiés et officiels des gouvernements (les tristement célèbres PPP, partenariat public-privé, se pratiquent désormais à l’échelle mondiale).
L’autrice de ce livre connaît à fond les arcanes des lobbys bruxellois, à commencer par Business Europe, organisation qui regroupe entre autres Bayer, BMW, Google, Microsoft, Shell, Total. Un lobby capable de tenir 170 réunions en trois ans avec l’élite de la Commission. Quand il y a lobby, il y a vite pub. C’est ainsi que Coca Cola sponsorise la présidence roumaine de l’UE.
Autre caractéristique de la globalisation : les pratiques des entreprises transnationales s’imposent progressivement aux méthodes de fonctionnement des fonctions publiques. Avec l’aide, pour ce qui nous concerne, des manitous de l’UE. Au premier chef, les social-traîtres du style Moscovici pour qui « on peut très bien avoir des services publics gérés par des entreprises privées. » Quand l’État se met à genoux devant le service privé, il se retrouve sur les genoux, comme quand il accorde – de son plein gré, n’est-ce pas ? – 205 millions d’Euros à la SNCM au moment où elle a été privatisée par le fonds Butler Capital Partners et Veolia Transport.
Quoiqu’il arrive, les intérêts privés sont toujours gagnants.
Les autoroutes que la classe politique gouvernante française dans son entier a privatisées représentent 15% des activités de Vinci, mais 60% de ses profits. Leurs sociétés dégagent une marge brute de 73%.
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